lundi 6 février 2012

La presse en ligne sénégalaise dans les élections présidentielles de février 2012

Les médias sénégalais ont toujours joué un rôle important dans la couverture des élections présidentielles. En 2000, les médias privés sénégalais avaient été cités parmi les acteurs de l’alternance politique au Sénégal. Malgré la faiblesse de leurs moyens financiers ou techniques et les multiples pressions ou censures dont ils faisaient l’objet, bref, malgré un environnement qui leur était hostile, les journalistes de ces médias avaient réussi à s’imposer dans l’espace médiatique sénégalais.




Grâce à la téléphonie mobile, les médias privés sénégalais avaient réussi à assurer une couverture complète du territoire national lors du scrutin présidentiel et transmettre rapidement les informations.

Aujourd’hui, la donne a changé. La star, ce n’est plus le téléphone portable mais internet. Disposant d’une des meilleures bandes passantes de l’Afrique (5,9 Gbps), les Sénégalais développent des activités diverses et variées sur Internet. Les hommes politiques, les entreprises, les services étatiques ont investi la toile depuis plus d’une quinzaine d’années. L’arrivée du Web 2.0 (seconde génération du Web) et des logiciels libres, a amplifié le phénomène par l’installation des valeurs de solidarité et de partage. Ainsi, l’internet n’est plus l’apanage des initiés. N’importe quel citoyen peut désormais trouver sur la toile une application qui corresponde à ces besoins. De nombreux sites web, de nombreux blogs ont été ainsi créés. Par la magie des réseaux sociaux il est possible de devenir « ami » avec l’un des 800 millions d’utilisateurs de Facebook en un clic ou être « suivi » par un nombre impressionnant de contacts sur le site de microblogging Twitter. Avec internet, c’est un lieu commun que de dire que les journalistes ont perdu, depuis longtemps, le monopole dans la cueillette, le traitement et la transmission de l’information.

Concernant la presse, plus d’une soixantaine de sites basés au Sénégal ou mis en ligne par des Sénégalais résidents à l’étranger ont été répertoriés sur le Web. Ces sites publient des articles et diffusent des éléments multimédias (son, vidéo) qui les rendent populaires au Sénégal mais aussi et surtout chez les Sénégalais de la diaspora.

Cependant, ils sont caractérisés par une grande diversité par rapport à leurs lignes éditoriales. Aussi, n’ayant pas réussi à développer un modèle économique viable, ces sites n’ont certainement pas les moyens d’assurer correctement la couverture des 14 candidats dans les 14 régions que compte le Sénégal pendant la campagne électorale.

Face à cette situation, la mutualisation des ressources reste la seule solution. Il s’agira, pour les éditeurs de presse en ligne, de mettre en place une plateforme dans laquelle seront versées toutes les ressources collectées (textes sous forme de dépêche, photos, vidéos, sons) par les reporters qui sillonnent le pays. Ces ressources peuvent être utilisées par tous les sites membres de l’Association des professionnels de la presse en ligne (APPEL) mais à condition de citer l’auteur de l’information, de la photo, de la vidéo ou du son utilisé.

Cependant, la mutualisation s’entendant comme une mise à disposition, il appartient à chaque site d’utiliser les ressources conformément à sa ligne éditoriale. Ce qui évitera de verser dans l’uniformisation, une autre tare de la presse sénégalaise.


Mamadou Ndiaye |Enseignant-Chercheur au CESTI

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